Lakshmee nouvelle auditrice

[lakshmee]

Profitant de sa venue à Zora la veille à l'invitation de Feylin, Lakshmee se rendit au monastère wa'kwai, comme le lui avait conseillé Vrana, pour demander un accès à la bibliothèque.

Franchissant l'enceinte qui donnait dans le Prakriti, elle fue immédiatement touchée par l'atmosphère du lieu, qui l'invitait à ralentir son rythme, à se poser. La dernière fois qu'elle avait ressenti cette sensation, c'était en découvrant les primes, lors de son premier voyage de Fairhaven à Zora. Sauf qu'à cette occasion, il lui fallait courrir sans s'arrêter ni se retourner...

Elle marcha d'un pas tranquille dans les allées du jardin, effleurant du bout des doigts les tendres fougères et autres tapis de mousses. Quelques fleurs apportaient des touches discrètes de couleur, et une petite fontaine au son crystalin semblait lui couler dans l'oreille.

Elle arriva devant un grand panneau de bois où était inscrits les décrets du monastère et les lus gravement, puisque ça avait l'air très serieux.

Puis son oeil tomba sur la liste des cours, et fut surprise par l'étendue de ses derniers. Son idée première était simplement de retrouver ses origines, la culture zorai dont elle n'avait pas hérité, ainsi que sa langue, maintenant elle était tentée de s'inscrire à tous les cours !

Plus loin sur un autre panneau -le kakémono- elle parcoura rapidement les nouvelles les plus récentes. Tout y était si soigneusement rapporté, même avec des luciographies ! Mais cela commençait à faire beaucoup de chose à lire, aussi elle retourna un instant à la contemplation du jardin en s'asseyant sur un petit banc.

C'est seulement après quelques minutes qu'elle remarqua une étagère, avec à disposition quelques publications du monastère. Elle se leva, passa en revue les titres et se saisie immédiatement d'un petit codex sur l'esquive et la parade. Elle laissa échapper une exclamation en découvra la qualité du document, ressentie une certaine fierté à voir sa propre expérience corroborée, et trouva des informations complémentaires très utiles, comme par exemple les valeurs précises de ce que l'on peut attendre de tel ou tel type d'arme. Hop ! dans la poche de sa Lor-fabren ! (puisque c'était à disposition...).
Le traité sur les bijoux était du même acabit : dans la poche, ça fera plaisir un ami tryker.
Et le lexique Atysien ? très utile lui aussi. Poche.
Les idéogrammes zorai ? Ah non, là, c'était trop tôt pour elle.
Les calendriers pour rechercher les matières premières semblaient eux moins probants. Mais ils devaient le savoir puisque ceux exposés étaient obsolètes. De toutes façon de nos jours on avait d'autres outils très pratiques.

Un rayon de soleil tombait pile sur un coin du jardin, un tapis d'herbes tendres bordés de plantes aromatiques. Elle ne résita pas à cette invitation, déchaussa ses hobenyx, et s'allonga sur le matela improvisé. Aaaah quel délice ! elle risquait de se faire enguirlander, mais peut lui importait : après ce serait plus tard et maintenant c'était trop bon. Et puis elle avait du sommeil à rattraper, ayant passé une nuit tourmentée suite à la performance de Psychee la veille...

Petit à petit elle se laissa aller à une de ces tryk-siestes dont les gens des lacs ont le secret, et fut emportée loin de tout, des maraudeurs, des kitins, et même de la goo.

[Ki'atal]

La fièvre semblait enfin lui laisser un petit répis. Ki'atal décida de le mettre à profit pour cueillir quelques plantes médicinales qui lui étaient nécessaires. Sa démarche était lente tandis qu'elle descendait la rampe d'accès en direction du jardin. La brume était particulièrement épaisse mais elle connaissait l'emplacement de chaque plante pour les avoir soignées douze années de Jena durant, en compagnie des Bonzes.
Alors qu'elle longeait un carré d'herbes aromatiques, elle crut entrevoir une forme homine, étendue dans l'herbe grasse. Un frisson la parcourut. Qui avait été agressé cette fois-ci ? Quelle tragédie s'était encore abattue sur l'académie monastique ? Elle s'apprêtait à appeler La-Viang à l'aide lorsqu'un bruit sourd et familier lui parvint.
Ecartant les touffes de plantes aromatiques épicées, elle se fraya un passage jusqu'à la silhouette endormie. Lorsqu'elle fut assez proche, elle reconnut Lak' dont le masque paisible laissait échapper des ronflements sonores à intervalles réguliers.
Ki'atal sourit avec soulagement, puis resta un long moment à observer l'insouciance de la scène, songeuse.

[lakshmee]

Est-ce parce que la brume avait remplacé le soleil ? ou plutôt parce qu'une zorai comme Kia'tal ne pouvait, de par sa simple présence, passer inaperçue même aux ronfleurs ? Lakshmee ouvrit les yeux aussi soudainement qu'elle s'était endormie, en alerte, ne sachant pendant un instant plus où elle était. Mais l'harmonie du jardin dissipa rapidement les effets secondaires de sa ry-sieste pour la ramener sur l'écorce.

Son regard se posa sur l'éveillée, pour ne plus quitter son masque, fascinée par le mélange d'énergies qui en émanaient, champ de bataille atysien en surface, ténacité et sérénité en dessous, et quelque chose de plus mystérieux et détonnant en profondeur.

Lakshmee réalisa d'un coup que sa manière de fixer comme une enfant pouvait paraître cavalière. Elle se leva, se débarrassa des brins d'herbes encore collés dans son dos et ses cheveux, s'inclina promptement devant son ainée :
- Lordoooy ! ...oups...

Kia'tal était d'une bonne humeur relative et ne lui tint rigeur de rien, et de plus Lak n'eut pas besoin de lui expliquer la raison de sa venue : elle était déjà au courant de tout.

L'éveillée l'invita à entrer dans le monastère et la jeune guerrière la suivit tout en s'étirant les guiboles. Elle discutèrent brièvement devant une tasse de tchai, puis Sumsum lui remis un jeu de clés pour accéder à la bibliothèque. Chacun retourna de son côté car ils avaient beaucoup à faire et Lak se retrouva bientôt seule dans la fameuse salle de documentation.

Saisie par la curiosité, elle ouvrit un livre au hasard, puis un second, et encore un troisième, puis revenant sur le premier, elle enchaina ainsi -limite frénétique- courant d'une pièce à l'autre, empilant les ouvrages ; jusqu'à ce que la tête commença à lui tourner !

Assise sur un banc pour récupérer, elle réalisa le chambard qu'elle avait causé. Puis retrouvant son calme, elle remis consciencieusement les documents en place, en espérant qu'elle ne s'était pas (trop) trompée.

Ces lectures étaient fort intéressantes, elles lui inspiraient des questions et aussi des remarques, mais il ne semblait pas y avoir d'endroit prévu pour les consigner dans cette partie du monastère, pour les simples auditeurs ? Ce n'était pas grave, elle aurait d'autres occasions se dit-elle, et puis, il fallait d'abord assimiler ce qu'on lui donnait d'apprendre...

[Ki'atal]

Alors que Lak' parcourait l'académie à la recherche d'une salle destinée aux auditeurs, elle entendit un bruit de course clairsemée d'éclats de rire puis un enfant à la peau claire surgit au coin d'un couloir et manqua de lui rentrer dedans. Il s'agissait d'un garçonnet dont la taille ne devait pas excéder celle des hobenyx de Lak'. Il lui jeta un coup d'oeil espiègle avant de poursuivre sa course en riant. Bientôt, Ki'atal surgit elle aussi devant l'auditrice, visiblement essoufflée. Elle reprit brièvement sa respiration avant de lui demander : "N'as-tu pas vu Ranka, mon fils ? Il s'est encore échappé de sa classe..." Lak' sourit et lui désigna le couloir qu'avait emprunté le petit tryker. Visiblement soulagée, l’Éveillée s'apprêtait à reprendre la poursuite lorsqu'elle se ravisa et, se retournant vers Lak', ajouta : "La porte à ta droite mène au Liang-Hay ! N'hésite pas à investir les lieux !" Lak' vit disparaître Ki'atal aussi vite qu'elle été arrivée. Encore un peu surprise, elle s'approcha néanmoins de la petite porte à sa droite et lu : Liang-Hay ~ Auditoire Libre