Alors que je sortais des Archives de Jen-Laï pour aller réveiller ma Maîtresse, la Conservatrice Lingi-Chon Vao, et lui faire part de mes découvertes, mon destin bascula. Je n'eus pas le temps de me défendre de l'assaillant qui m'attendait en bas de chez moi. Il pénétra dans mon esprit, annihilant toute ma volonté. Je ne pus aussitôt plus maîtriser mon corps, ni même ma voix. Il en avait le contrôle total. La terreur qui m'emplit cette nuit là ne m'a pas encore complètement quittée à l'heure où j'écris ces lignes. Je me souviens de tout ce que j'ai fait sous hypnose comme si je regardais un lucio. Une fois parmi les autres fyros enlevés, dans le Camp de nos ravisseurs au cœur du Nœud de la Démence, j'assistais impuissante à la mutilation de certaines d'entre nous. Soudain, des kitins attaquèrent le Camp. Une main griffue m'attrapa alors par le bras avant que je réalise que le lien hypnotique avait été rompu. Valandrine courrait à toute vitesse, m'entraînant avec elle. Je jetais un dernier regard en arrière et m'aperçut horrifiée que les kitins tombaient tous morts sans même que nos ravisseurs ne les touchent.
Le Prima, Floris 13, 1er CA 2553 l'ambiance était terne à Jen-Laï. L'enquête piétinait. Ki'Atal, entourée des enquêteurs volontaires, attendait la Conservatrice Dynastique. Lorsque Lingi-Chon Vao arriva, elle les remercia pour leur présence et les informa du fait que le meurtre de Jezeba était en fait un sacrifice rituel. Elle leur lit également un passage du Livre du Dragon retrouvé sur l'un des cubes brisés :
Dans les entrailles d'Atys, au plus profond de son coeur, il se repose, inconnu de tous et de tous les homins, mais il reste quelque chose qui le cherche et le trouve en coulant comme de la goo dans les veines de la planète pour raviver sa flamme éternelle.
Cette rivière peut être de sang ou de sève pour nourrir notre roi ardent pour le ranimer et hâter la destruction d'Atys avant qu'une secte ne l'emporte et soit suffisamment puissante pour s'opposer à lui.
Saluons le dragon. En son nom nous tuons.
Les homins présents furent horrifiés en entendant ces mots. Les suppositions fusaient. Il devenait évident que la secte disparue du Culte du Grand Dragon était mêlée à cette affaire... Alors que les enquêteurs attendaient mon arrivée pour en apprendre plus de ma bouche, un Garde de Jen-Laï vint donner l'alerte : des enlèvements avaient eu lieu dans tout le Pays Malade et toutes les tribus Fyros de la Jungle étaient touchées.
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Dao Lung crie : Alerte !!!
Lemra fait une révérence des plus courtoises à Dao Lung.
Kiatal dit : Que se passe t-il Garde ?
Sobek dit : comment ça alerte ?!
Melosia dit : Jia ?
Dao Lung crie : Des...
Melosia dit : parle garde !
Dao Lung crie : Des homines fyros...
Dao Lung reprend son souffle
Dao Lung crie : Des enlèvements...
Kiatal dit : des enlèvement ?!
Lizidela dit : qui a été enlevé ? parle !
Lizidela dit : et où ?
Lingi-Chon Vao dit : Garde, reprends ton souffle et explique-nous !
Lemra commence a avoir un peu peur
Dao Lung crie : Des... jeunes homines fyros sont portées disparues depuis cette nuit, à travers tout le Pays Malade !
Sobek dit : ça ne peut pas etre une coincidence
Kiatal dit : Oh né ils vont encore faire des sacrifices ! Quelle horreure !
Dao Lung crie : Parmi elles, Akantha et Valandrine
Taiga dit : On se perd facilement dans la jungle...
Sobek dit : Valandrine ?
Kiatal dit : Valandrine ?!
Dao Lung reprend son souffle
Melosia grogne : il faut les retrouver !
Sobek dit : né, valandrine ne se perdrait pas en jungle
Kiwalie dit : valandrine .... :'
Melosia dit : né, elle y a vécu presque toute sa vie
Kiatal dit : Vous devez les sauver ! Elles ne doivent pas finir comme Jezeba !
Sobek ne tient plussur place
Kiatal dit : Nous pensions que l'assassin de Jezeba s'est enfui par la Grande Porte en profitant que les gardes aient quitté leur postes en entendant les cris de la Conservatrice.
Cycas chuchote à Taiga : tu penses que Tutur aussi a été enlevée ?
Melosia dit : tu veux dire, par cette porte là
Kiatal dit : Yui
Melosia pointe la porte au dessus d'elle
Kiatal dit : Vous devriez suivre cette piste !
Nizyros dit : d'autre guilde kamiste on besoin de cata 50 et ou tek ?
Kiatal dit : Lingi-Chon Vao et moi resteront là au cas où d'autres informations nous parviennent
Melosia dit : il va falloir fouiller, trouver des traces, n'importe quoi
Taiga chuchotte à Cycas : Non. Je crois plutot qu'elle s'est perdu dans un tonneau au bar.
Lingi-Chon Vao crie : hoche la tête
Cycas se retient de rire
Chewi dit : ashu en a besoin on te dit
Lingi-Chon Vao hoche la tête
Melosia dit : mettons nous en route, retournons chaque buisson !
Lingi-Chon Vao dit : Partez à leur recherche avant qu'il ne soit trop tard !
Nizyros dit : c'est bon chewi je lui en est donner
Lingi-Chon Vao dit : Je vous attendrai ici
Kiatal embrasse Taunwe : soit prudente ny-amn !
Melosia dit : ukio !
Taunwe rejoint votre équipe.
Dao Lung crie : Cherchons des indices !
Vrana a quitté votre équipe.
Melosia dit : peut-etre au centre de recherche né ?
Dao Lung crie : Voyez-vous quelque chose ?
Melosia dit : né on ne voir rien
Dao Lung crie : Vite, le temps presse !
Taunwe dit : an, que des sushii
Dao Lung crie : Peut-être en demandant aux gardes du camp d'observation de kitins...
Dao Lung crie : Ils ont peut-être vu quelque chose !
Taunwe dit : oy
Les enquêteurs nous retrouvèrent au Camp d'observation de kitins, Valandrine et moi. Nous ne perçûmes pas tout de suite leur présence tant nous étions terrorisées. Des voix emplissaient toujours notre tête et nous ne pouvions rien dire d'autre que "Les démons..."
Des homins soignèrent Valandrine qui était blessée et nous firent boire. Puis les enquêteurs reprirent leur route pour débusquer nos ravisseurs et sauver les autres Fyros de la Jungle enlevés.
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Akantha tremble comme une feuille.
Taunwe crie : elles sont là
Valandrine tremble fortement
Lemra sourit à Valandrine.
Valandrine dit : né ! ils vont revenir !
Valandrine dit : les démons !
Sobek présente un spectacle à Valandrine.
Akantha dit : Ils vont recommencer !
Taunwe dit : qui ça ?
Kiwalie soulagée de voir valandrine
Valandrine a une marque de griffe profonde sur le cou, une marque de ses propres griffes
Sobek crie : te voila, je me suis inquiété !
Akantha dit : Dans nos têtes ... Les voix...
Valandrine crie : des démons !
Kiwalie est inquiete
Lemra tend un fiole de liqueur de sarina à Akantha
Valandrine crie : des voix qui nous obligeaient à faire des choses !
Akantha dit : Ils sont trop puissants...
Lemra dit : bois, tu en as besoin
Kiwalie regarde pensivement Akantha.
Taunwe dit : on vous a fait queque chose ?
Valandrine est presque catatonique, tremble de partout
Akantha tremble.
Akantha boit.
Lemra sourit à Akantha.
Valandrine crie : je, je ne controlais plus mon corps !
Lemra dit : nous sommes là
Valandrine crie : je ne controlais plus mes griffes !
Melosia essaie d'apaiser Valandrine
Melosia dit : calme toi ... là ....
Taunwe dit : qu'est ce qui s'est passé ?
Melosia dit : qui étaient-ils ? et où sont-ils partis ?
Valandrine crie : je, j'ai du les suivre, c'était plus fort que moi !
Valandrine crie : il n'y avait pas que nous !
Akantha dit : Ils rentrent dans votre esprit ! Ce sont des démons ! ils étaient tous fyros mais dans leurs yeux... la folie
Lemra dit : oh !
Lemra frissonne de peur
Akantha dit : D'autres fyros de la jungle enlevés !
Sobek dit : elles sont encore sous le choc
Valandrine dit : nous etions nombreuses sour leur emprise
Akantha dit : Ils vont leur faire des choses
Valandrine grogne doucement, tremble encore
Akantha dit : nous n'avons pas pu les aider !
Sobek dit : vous devriez etre ramener à Jen Lai pour vous reposer pendant que nous cherchons les autres
Valandrine crie : je ne veux pas les revoir ! ils sont partis ! mais ils pourraient revenir !
Valandrine crie : ils sont si proches ! j'ai l'impression que je les entends encore !
Valandrine crie : je les sens !
Akantha dit : Lorsque les kitins ont attaqué Val' a pris ma main et on s'est enfui ! Mais j'ai regardé en arrière ! les kitins ont été comme nous
Taiga dit : Ce n'est pas la goo qui leur font tourner la tête ?
Taunwe dit : comment ça ?
Valandrine crie : je sens leur emprise revenir ! ils se rapprochent !
Valandrine regarde craintivement vers le Nord
Melosia scrute l'horizon Nord
Melosia dit : vous voyez quelque chose vous ?
Lemra regarde le bout de ses bottes
Taunwe dit : an' y vois rien
Sobek dit : il n'y a rien au nord, vous devriez vous reposer
Melosia dit : Sobek tu as vu quelque chose ?
Sobek crie : rien !
Valandrine crie : si je les sens ils sont là bas !
Taunwe dit : ha si, des timaris là bas
Valandrine pointer pointe l'horizon Nord
Akantha reprend ses esprits : Les démons ne sont plus là ?
Valandrine pointe l'horizon Nord
Sobek crie : venez avec moi, on va vous prouver qu'il n'y a rien !
Merien sourit à Dao Lung
Melosia dit : quelqu'un reste avec elles ?
Lemra dit : oui je peux rester
Kiwalie dit : je reste
Melosia dit : ukio, ari'kami :)
Lemra dit : Merien reste avec nous !
Melosia crie : allons voir au Nord !
Lemra monte la garde.
Le Camp du Culte ne fut pas long à trouver pour les courageux homins mais ce qui les y attendait allait rudement les éprouver. Des victimes enlevées dans les tribus Fyros de la Jungle étaient sous le contrôle des Initiés du Culte du Grand Dragon et elles attaquèrent les enquêteurs qui ne purent faire autrement que de se défendre. Les victimes tombaient mais les Initiés du Culte aussi. Finalement quelques victimes purent être sauvées.
Alors qu'il ne restait plus qu'un Initié debout, celui-ci hypnotisa des kitins de la région qui fondirent sur les enquêteurs à son commandement. Les homins ne faiblirent pas et vinrent ainsi à bout de plusieurs vagues de kitins. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à atteindre l'initié du Culte, celui-ci disparut, laissant derrière lui le cube volé à Jezeba Dumuzi.
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Melosia crie : qu'est-ce que tout ceci !
Sobek pointe Magnétiseur du Culte du Grand Dragon.
Alors que le Camp du Culte du Grand Dragon apparaît devant eux, les enquêteurs sont assaillis par de nombreuses victimes hypnotisées.
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon crie : l'heure du jugement de Fyrak est arrivée ! le Grand Incendiaire vous envoie sa progéniture !
Les initiés du Culte du Grand Dragon tombent les uns après les autres jusqu'à ce que le Magnétiseur demeure seul.
Melosia crie : arretez le !
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon execute des signes obscurs et semble en transe.
Des kitins hypnotisés fondent sur les enquêteurs.
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon crie : le grand incendiaire vous soufflera tous!
Les enquêteurs viennent à bout des kitins hypnotisés.
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon crie : du fond des entrailles d'Atys, sa colère grondera et soufflera l'écorce
Kiwalie crie : tout le monde est vivant ?
Melosia crie : là !
Melosia pointe le Magnétiseur du Culte du Grand Dragon.
Taunwe crie : va crever le premier si tu tiens à le rejoindre
Sobek crie : tu es fait !
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon dit : Vous ne m'aurez pas si facilement!
Kiwalie crie : arrete toi !
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon dit : si vous pouvez!
Une seconde vague de kitins hypnotisés fond sur les enquêteurs.
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon s'enfuit pendant que les kitins les retiennent.
Les enquêteurs parviennent à vaincre les kitins.
Lemra crie : il est là !!!!
Magnétiseur du Culte du Grand Dragon pousse un cri avant de disparaitre, laissant tomber l'objet mystérieux.
Kiwalie s'accroche à son masque
Melosia dit : né !
Melosia ramasse l'objet
Kiwalie crie : arf !
Melosia dit : encore un cube d'ambre !
Taunwe dit : mais
Melosia dit : ramenons le à Jen-Laï
Melosia dit : la conservatrice pourra surement déchiffrer ce qu'il y a dedans
Kiwalie dit : ukio
Lemra dit : yui
Melosia dit : allons y !
De retour à Jen-Laï les homins firent leur rapport à la Conservatrice et lui remirent le cube d'ambre retrouvé. J'accompagnais Lingi-Chon Vao aux Archives où nous nous penchâmes sur le cube de Jezeba. Lorsque nous eûmes fini de le déchiffrer, nous en fîmes distribuer une copie à chacun des homins présents. En voici une transcription manuscrite :
Les Arcanes de Coriolis ou l'histoire du Culte du Grand Dragon
Ce document d'archive, rédigé à Jen-Laï en 2533 puis volé en 2553 fut retrouvé lors de la fuite d'un initié du Culte du Grand Dragon.
Pour connaître la véritable histoire du Culte du Grand Dragon, il nous faut remonter dans le temps jusqu'à l'année de Jena 2435, où, sous le règne d'Abylus l'Érudit, l'Empire autorisa une expédition minière à se rendre dans les plaines de Coriolis afin d'y exécuter des fouilles sur des ruines mystérieuses.
Les fouilles durèrent pendant plus de deux cycles atysiens, durant lesquels les familles des mineurs vivaient au rythme des lettres qui leur parvenaient par la caravane reliant la ville de Coriolis à celle de Fyre. L'espoir de ces familles fut brisé lorsque la nouvelle du Grand Incendie leur parvint. La ville de Coriolis, ainsi que le site des fouilles étaient en cendres, ne laissant aucun doute quant au sort de l'expédition minière. La correspondance entre les mineurs et leur famille prit alors un caractère sacré. Les érudits de l'Académie de Fyre rédigèrent des copies de ces lettres et les rassemblèrent dans un recueil sous le nom d'Arcanes de Coriolis.
Peu superstitieux de nature, c'est pourtant avec une ferveur nouvelle que les patriotes compulsaient cet ouvrage. Car, à la lumière des découvertes dont il regorgeait, le Grand Incendie prenait un sens mystique.
Les familles des mineurs disparus formèrent le socle d'un nouveau culte pratiqué à Fyre : le Culte du Grand Dragon. Ainsi, sur plusieurs générations, les fidèles de ce culte organisèrent des assemblées et vénérèrent Fyrak, le Grand Dragon, sans que le reste de l'Empire considère cela autrement que comme un devoir de mémoire. Cependant le regard que le peuple fyros posait sur ce culte devait se voir modifier par l'évènement le plus sombre de l'Histoire atysienne...
Alors que les kitins déferlaient sur l'Écorce, semant la mort dans leur sillage, nombre de fyros virent en eux la matérialisation effroyable des bas-reliefs décrits dans les Arcanes de Coriolis et surent que le Grand Dragon, leur envoyait sa progéniture. On suppose que les membres du Culte du Grand Dragon furent tous décimés alors qu'ils priaient Fyrak d'épargner ses fidèles.
Le Grand Essaim aurait pu signer la fin du Culte du Grand Dragon mais il n'en fut rien. Il connut une seconde naissance durant l'Exode...
Pour la première fois, des survivants zoraï se mêlèrent aux autres peuples, entourés de leurs divinités, les Kamis. Les survivants fyros, anéantis par la colère foudroyante du Grand Dragon, reconnurent les Kamis comme d'autres figures légendaires des Arcanes de Coriolis. En une cinquantaine d'année cet ouvrage avait acquis une telle popularité qu'aucun patriote n'ignorait ses allusions aux esprits du désert. Par curiosité, certains survivants fyros se joignirent aux assemblées zoraï réunies autour du Grand Sage Fung-Tun. Ainsi, c'est sous l'Écorce, au milieu d'une hominité exsangue, que naquit le Kamisme fyrakiste, un courant kamiste singulier mêlant, aux enseignements des zoraï, les croyances issues du Culte du Grand Dragon.
Ce jour là, Liriope aidait sa mère a faire sécher la viande sur le toit. Soudain, elles avaient entendu un vrombissement étrange, bientôt suivi d'un mouvement de panique dans les rues de Fyre. A cet instant Lirope ignorait que toute sa vie était en train de basculer... Une saison seulement avait passée depuis, mais il ne restait rien de son innocence d'enfant. Des images insoutenables hantaient désormais ses nuits. Que seraient-ils tous devenus sans l'aide des membres de cette obscure organisation, la Karavan, qui avaient permis à une poignée d'entre eux d'échapper au génocide ? Et pourtant, plus que jamais la Karavan faisait l'objet de suspicions car nombre des leurs avaient péris lors du Grand Essaim. Ainsi ceux qui s'autoproclamaient émissaires divins étaient aussi mortels que tout autre homin ! Même en ces heures sombres où chacun pleurait des proches, Liriope sentait bien que ce constat réjouissait les survivants fyros, qu'une ancestrale rivalité opposait à la Karavan.
Que dire de ces années de Jena passées sous l'Écorce, dans la précarité et la peur au ventre ? Des années éreintantes où l'hominité dut son salut à un espoir infaillible en des lendemains meilleurs. Jamais autant que lors de l'Exode, la foi n'unifia les homins... Liriope n'oublierait pas ces nuits d'insomnies où elle observait les survivants zoraï, ces êtres masqués, toujours entourés d'esprits atysiens, qui procédaient à d'étranges cérémonies. Ces nuits-là, elle aussi priait pour que plus jamais les horreurs auxquelles elle avait assisté ne se reproduisent. « Que le Grand Incendiaire nous épargne ! »
Alors que le brasier éternel du Bûcher de Cerakos s'érigeait dans le désert, les mélopées lancinantes du Culte du Grand Dragon s'élevaient à nouveau sous la canopée. Des innommables horreurs dont avaient été témoins les fondateurs du nouveau culte kamiste fyrakiste, un sentiment était né, que ne pouvait encore comprendre les autres peuples. Les fyrakistes avaient la conviction d'avoir assisté à la réalisation de quelques prophéties profanes pressenties par les martyres de l'expédition minière des plaines de Coriolis. La vive émotion qui berçait le cœur des fyrakistes trouva une issue dans l'avènement de la Voie du Repentir qui devint rapidement la clef de voûte du Culte. Certains que leur peuple avait attiré le courroux de Fyrak sur l'hominité, les fyrakistes n'eurent de cesse d'étoffer leur pratique religieuse dans l'ultime but d'apaiser le Grand Incendiaire, second aspect du Kami Suprême. Ayant appris du peuple zoraï que la préservation d'Atys était prévalente dans le Grand Dessein de Jena, les fyrakistes s'opposèrent de plus en plus vigoureusement à la Karavan. La défiance vis-à-vis de celle-ci était traditionnelle chez les mineurs de l'Empire mais la nouvelle ferveur des membres du Culte lui donna un élan décisif. La Karavan amorça des mesures répressives à l'encontre des mineurs mais les Kamis intervinrent pour les protéger. A peine trois années de Jena après la fondation de Pyr, les fyrakistes obtinrent le bannissement des autels de la Karavan hors des villes impériales.
L'état de grâce du culte kamiste fyrakiste prit fin lorsque la Régente Leanon vint à mourir. Deux années après sa prise de fonction, le jeune Sharükos Dexton accorda sa protection à son ami, Mabreka Cheng-Ho, banni des terres zoraï par le Grand Sage Fung-Tun. Le Sharükos se montra sensible au Kamisme des Révélations professé par le disciple d'Hoï-Cho, qui, durant son exil, convertit un grand nombre de patriotes à ce nouveau courant kamiste. Les fyrakistes virent d'un très mauvais œil cette conversion de masse à Ma-Duk et eurent recours à la violence pour tenter de maintenir leur assise parmi les patriotes kamistes. Le Sharükos, craignant une flambée de violence prit alors la décision de bannir les fyrakistes hors du désert. Sur son ordre, une caravane d'exilés fut escortée par la Garde Impériale jusqu'à la frontière zoraï.
Arrivés en Pays Malade, les fyrakistes n'eurent d'autre choix que de demander asile à la Théocratie. Après s'être concerté, le Conseil des Sages répondit favorablement à leur requête et installa les réfugiés à Jen-Laï. Plusieurs cycles s'écoulèrent au cours desquels, la communauté fyros s'intégra au peuple masqué. Lorsqu'un incendie ravagea la jungle, les fyrakistes furent les premiers à pointer du doigt les commerçants de l'Empire traversant la jungle. Y voyant un signe du jugement du Grand Dragon, ils prirent les armes pour défendre les frontières zoraï contre l'Empire. Les troupes impériales tentèrent à maintes reprises de percer les défenses zoraï sans y parvenir. Jusqu'au jour où le Sharükos en personne vint aux frontières, escortant son ami Mabreka Cheng-Ho. Tous les soldats zoraï baissèrent les armes devant le disciple d'Hoï-Cho. Tous, sauf les fyrakistes qui lui vouaient toujours une haine féroce et qui durent être maîtrisés.
Liriope courait à travers la jungle. Elle avait laissé son échoppe à sa fille Jezabel, pour rejoindre en hâte la Cité-Temple de Jen-Laï. La nouvelle se propageait comme une traînée de poudre dans les quartiers de Zora : le jeune Mabreka Cheng-Ho revenait au Pays, et un traité de paix venait d'être conclu avec l'Empire. « Fyrak tout Puissant ! » jura la vieille fyros, tout en redoublant d'efforts. Alors qu'elle atteignait les portes de la Cité-Temple où les fyrakistes avaient élus domicile, un garde l'interpella : « Liriope Miko*, que t'arrive t-il ? N'est-ce pas jour de marché, aujourd'hui ? » Reprenant son souffle, la fyros haleta : « Mabreka Cheng-Ho a été repéré à la frontière ! Il est acclamé par le peuple qui voit en lui leur nouveau guide. » Le Garde la dévisagea d'un air grave puis tourna les talons. A peine sa silhouette avait-elle disparue, qu'un jeune masque sortait de derrière un bosquet. Liriope sursauta : « Nuo Yama**, tu as tout entendu ? » Nuo Tun sourit mystérieusement à la fyros : « C'est une bonne chose. L'état de santé de Père l'éloigne de plus en plus de ses responsabilités. J'imagine que son abdication ne sera qu'une formalité. Cependant... » Nuo Tun posa une main sur l'épaule de l'ancienne. « Cependant j'ai une faveur à te demander ».
Liriope retint son souffle en pénétrant dans les bâtiments flottants de l'Ordre Mé-Smèr. Reconnaissant un visage familier, elle héla un fyrakiste qui traversait le hall. Celui-ci, respectueux de son grand âge, lui donna le bras et l'accompagna jusqu'à la salle des archives. Alors qu'ils passaient en revue les différents casiers à cubes d'ambre, une rumeur leur parvint du couloir. La nouvelle de l'arrivée de Mabreka Cheng-Ho était parvenue jusqu'à l'Ordre. Le fyrakiste sortit voir ce qu'il se passait, laissant la vieille fyros sans surveillance. Suivant scrupuleusement les indications de Nuo Tun, Liriope se saisit des cubes les plus précieux et sortit discrètement. Déjà, des soldats de la Guilde de Cho investissaient la ville, arrêtant les membres de l'Ordre.
Nuo Tun attendait Liriope aux portes de la Cité. Il sourit imperceptiblement à son approche. « Je savais pouvoir te faire confiance » dit-il, laconique. Le masque impassible du jeune homin s'inclina en signe de respect. « Te voilà confier d'autres ouvrages qui ne devront pas tomber entre n'importe quelles mains. » Nuo Tun n'eut pas à en dire davantage. La doyenne des fyrakistes s'était vue octroyer le titre de Gardienne des Arcanes par les membres de son Culte qui entendaient protéger leur ouvrage le plus précieux. C'était aujourd'hui au tour de Nuo Tun de placer en elle sa confiance. Elle ne le décevrait pas, quel qu'en soit le prix à payer.
Une fois de plus en disgrâce, le culte kamiste fyrakiste connut ses premières dissensions internes. Les fyrakistes les plus modérés, s'étant intégrés, parfois jusqu'à accéder à des postes de petits fonctionnaires, refusèrent de suivre les fyrakistes les plus fanatiques, qui prônaient des actions violentes visant à fragiliser la position du nouveau guide, Mabreka-Cho. Dix années de Jena durant, les réfugiés fyrakistes s'entredéchirèrent, au point que lorsque le Sharükos les gracia en signant l'amnistie de 2515, la communauté fyrakiste se dispersa. Les mieux intégrés à la Théocratie virent leur nationalité zoraï reconnue et les autres repartirent pour l'Empire où la plupart entrèrent dans la clandestinité.
Des recherches approfondies sur le courant fyrakiste de Pyr permettent aujourd'hui de pouvoir consigner son histoire. De retour à Pyr, les fyrakistes fanatiques avaient pris pour habitude de se réunir en assemblées clandestines afin de perpétuer leurs rites. Les saisons passaient et ils commençaient à s'habituer à vivre dans l'ombre lorsqu'une nuit, ils furent contactés par un fyros richement vêtu qui se présenta sous le nom d'Aetis Mekops. Ils apprirent de sa bouche que le Culte du Grand Dragon n'avait pas disparu de l'Empire mais s'était réorganisé en une société secrète, tendant à renouer avec les pratiques ancestrales d'avant le Grand Essaim. Au contact d'Aetis Mekops, les fyrakistes de Pyr tournèrent définitivement le dos au Kamisme et aux enseignement du peuple zoraï pour embrasser une destinée impie. Ils devinrent des initiés du Culte du Grand Dragon, vénérant exclusivement le Grand Incendiaire, sacrifiant d'innocents homins en son nom et travaillant sans relâche à l'avènement de Fyrak. Vouant leur existence à la seule destruction, les initiés du Culte du Grand Dragon allèrent jusqu'à envisager de concevoir une arme leur permettant de venir à bout des représentants atysiens des deux aspects du Kami Suprême. Ni les kamis, ni les kitins ne pourraient plus les empêcher d'invoquer Fyrak. Un plan machiavélique vit alors le jour, qui scella l'avenir du culte tout entier.
Jezabel et son époux Darius se tenaient côte-à-côte sur le pas de la porte, observant tendrement leur fils endormi. Jezabel se tourna vers sa mère et lui sourit. « Veille bien sur lui ! » Jezabel ne s'était encore jamais séparée de son fils et sa gorge se noua alors que son mari l'entrainait déjà vers la porte. Liriope était fière de sa fille et de son gendre. L'armure de la Garde Dynastique leur seyait à merveille. Ils reviendraient victorieux de leur campagne au Nœud de la Démence, elle en était convaincue. Elle leur fit un rapide signe de la main, tandis qu'ils prenaient la direction de l'étable, puis se prépara à aller se coucher. Allongée sur son lit, la doyenne ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle ressassait inlassablement les découvertes dont elle était devenue la dépositaire. Nuo Tun lui avait confié des cubes d'ambre qui avaient bouleversé le cours de sa vie. Impossible de fermer l'œil depuis qu'elle abritait de tels secrets sous son toit. Des images de Goo ne cessaient de hanter ses nuits. Soudain, la vieille homine tressaillit. Son instinct lui indiquait une présence étrangère dans l'appartement. Se redressant péniblement, elle entrevit une ombre penchée sur son bureau. Lorsqu'elle reconnut l'intrus, Liriope ne put retenir une exclamation de surprise mais l'ombre fondit aussitôt sur elle, rapide comme l'éclair. La doyenne eut alors l'horrible impression qu'on pénétrait son esprit et perdit connaissance. Lorsqu'elle émergea de sa torpeur, Liriope se précipita à tâtons jusqu'à la porte de l'appartement pour appeler à l'aide. Sur le seuil, ses pieds butèrent sur le corps d'un enfant. La bouche de la doyenne se déforma dans un cri. Lorsque les initiés de Jen-Laï accoururent, ils la trouvèrent errant dans les premières lueurs de l'aube, portant à bout de bras le corps de l'enfant atrocement mutilé. Le crâne du petit avait été rasé et on y avait dessiné un dragon effroyable avec son sang. On tenta en vain de retirer l'enfant mort des bras de sa grand-mère. Celle qu'on appelait la Gardienne des Arcanes venait de sombrer dans la démence.
Lorsque je vint présenter mes condoléances à la doyenne, je la trouvais prostrée, retranchée dans son monde intérieur. Tout à mon chagrin, je m'assis à côté d'elle, espérant lui communiquer par là mon soutien. Mon frère Darius et ma belle-soeur devaient combattre les kitins en cet instant, totalement ignorants du drame qui s'était abattu sur leur foyer. Se rappelant les paroles de mon maître, le Conservateur Nuo Tun, je me relevais et me dirigeais jusqu'au bureau de Liriope où j'ouvris avec précaution le coffre de la sagesse. Les craintes de mon maître se confirmaient : le coffre était entièrement vide. Quelle profanation ! Seul un homin connaissant bien nos traditions avait pu volé les Arcanes et dessiner ce sceau impie sur le crâne de mon neveu. Serait-ce alors l'un des nôtres ? Après un dernier regard pour l'ancienne, je quittais l'appartement pour rejoindre le bâtiment des Archives de Jen-Laï où Nuo Tun m'attendait. Il posa une main sur mon épaule en silence. Le Conservateur de Jen-Laï me pria de bien vouloir écouter ce qu'il avait à me dire jusqu'au bout sans l'interrompre. Bien entendu j'accédais à la requête de mon maître mais je ne peux décrire combien il fut difficile de taire toute l'horreur qui m'emplissait à mesure que les raisons du drame qui touchait ma famille m'apparaissaient au grand jour. Par Jena et ses gardiens les Kamis ! Comment de telles impiétés pouvaient-elles être perpétrées ? Le pouvoir conféré par la Goo avait fait perdre toute conscience à bien trop d'homins. Le véritable visage du Fléau m'apparut alors. La contre partie de toute création qui s'insinue en chaque graine de vie et la consume. Les émanations ne seraient-elles que l'expression du Grand Destructeur ?
Fyrak nous réserve à tous une part de son feu purificateur. Quand son jugement s'abat sur nous, il nous faut l'accepter car la magnifique création de Jena ne pourrait exister sans contrepartie naturelle. Je n'avais jamais vu se dessiner un tel désespoir sur le visage de mon frère... Face à la tombe fraîche de leur fils, Darius soutenait le corps affaissé de sa femme. Comment pourraient-ils jamais accepter ce que Fyrak leur imposait ?
Deux saisons s'écoulèrent avant que Liriope ne rejoignent son petit-fils au plus près des Kamis. La doyenne s'était éteinte progressivement comme si sa graine de vie avait renoncé à la lumière. Il fut décidé que je lui succède en tant que Gardien des Arcanes. Je ne put qu'accepter l'honneur qui m'était fait malgré mes craintes de connaître un jour moi aussi un destin funeste. Je savais que les commanditaires du vol des Arcanes n'en resteraient pas là. Ils avaient désormais en main les connaissances les plus dangereuses qu'il m'ait été donné de détenir et allaient certainement en faire usage tôt ou tard.
Comme pour confirmer mes craintes on nous rapportât bientôt une série de disparition suspecte sur chaque continent. Des homins de sexes et d'origines diverses semblaient avoir été kidnappés. Nous avions des raisons de croire que certains d'entre eux subiraient le même sort que mon neveu. Quelque part sur l'Écorce, un siècle après le Grand Incendie, un demi siècle après le Grand Essaim, de dangereux fanatiques tentaient de déchainer une fois de plus le jugement de Fyrak sur l'hominité.
Le premier signe de son jugement s'abattit sur Pyr sous les traits d'une invasion de kitins. Bientôt la colère de Fyrak allait s'élever sous la canopée. Par chance les nations s'organisèrent et le Culte du Dragon fut démantelé à tant. Mais je reste persuadé qu'une menace rôde encore autour de nous, tapie à l'ombre des émanations de Goo du Pays Malade...
Extraits d’un écrit intitulé « Histoire du Culte du Grand Dragon »***,
écrit par Jezeba Dumuzi, 2533 (JY).
[*] « Miko » signifie homine en taki zoraï, la langue du peuple zoraï.
[**] « Yama » signifie jeune homin en taki zoraï, la langue du peuple zoraï.
[***] HRP: texte validé par l'équipe d'Animation4